Longtemps l’album gravé par Virginia Eskin pour Koch Schwann en 1994 fut la seule entrée possible dans l’œuvre pianistique d’Amy Beach. La plus belle part du catalogue de cette artiste largement redécouverte depuis ? Je l’ai toujours pensé.
L’Américaine y magnifie l’héritage européen, et d’abord celui de Liszt et des Russes : le rossignol qui trille dans la Ballade le dit assez. Ce que fait entendre Virginia Eskin dans son grand piano débordé de couleurs est la sensualité de cette langue, la pure beauté de ses harmonies chatoyantes, mais elle ne néglige pas le fort caractère des gestes souvent virtuoses, la qualité des thèmes comme de la mise en œuvre parlant d’elle-même.
Elle souligne à loisir les sources de cet art : Mendelssohn est en filigrane dans les fusées de Fireflies, Chopin un peu partout, mais tant de références ne font jamais cet art épigonique, mieux, elles donnent à l’univers poétique et virtuose d’Amy Beach une profondeur qui manquera par la suite au piano américain.
Plus sombre, la Suite pour deux pianos où la rejoint Kathleen Supové, montre cet art parvenu à son acmé, conclusion éloquente d’un album toujours aussi essentiel.
LE DISQUE DU JOUR
Amy Beach (1867-1944)
Ballade en ré bémol majeur, Op. 6
Valse-Caprice, Op. 4
Nocturne, Op. 107
Prélude et Fugue, Op. 81
4 Sketches, Op. 15
Hermit Thrush, Op. 92
Suite sur des mélodies irlandaises pour 2 pianos, Op. 104*
Virginia Eskin, piano
*Kathleen Supové, piano II
Un album du label Alto ALC 1481
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Photo à la une : la compositrice Amy Beach – Photo : © DR