Je sais la passion d’Alexei Lubimov pour les claviers anciens, cette fois il aura jeté son dévolu sur un étrange pianoforte sorti des ateliers viennois de Johann Baptist Streicher, l’un des trop rares grands pianos de concert datant de la fin de son activité, le type même d’instrument que, probablement, Brahms jouait.

Pourtant, il pose à l’interprète plus de questions qu’il ne lui apporte de réponses : peu de résonnances, peu d’harmoniques, un clavier difficile à dompter, tout cela n’est pas pour déstabiliser Lubimov, l’incite à des audaces d’interprétation qui rendent Brahms soudain austère dans l’Opus 118, heurté et cassant au long des visions qui emportent les sept Fantaisies de l’Opus 116.

Violentes jusque dans leurs chants comme morcelés, elles donnent le ton de cet album dérangeant, passionnant aussi tant cet instrument revêche relit, quasiment de lui-même, des cahiers dont l’hédonisme a disparu.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)
7 Fantaisies, Op. 116
2 Rhapsodies, Op. 79
3 Intermezzos, Op. 117
6 Klavierstücke, Op. 118

Alexei Lubimov, piano Streicher (1878)

Un album du label de l’Institut Chopin de Varsovie NIFCCD 154
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Photo à la une : le pianiste Alexei Lubimov – Photo : © DR