Michael Gielen hors de son répertoire ? C’est oublié un peu vite qu’il dirigea tout, de Bach à Zimmermann, son œil aiguisé sachant également rafraîchir le Classicisme.
Sa lecture solaire de la Waisenhausmesse est à marquer d’une pierre blanche, les surprises y abondent, à commencer par une distribution exclusivement masculine réunie autour des Wiener Sängerknaben. Magique le petit duo de Max Emanuel Cenčić et d’Arthur Trainacher (Laudamus Te) dans le Gloria, ailleurs les polyphonies seront d’une clarté inédite qui n’empêchera ni la tendresse, ni les effusions, tout un petit théâtre d’église qui éclatera en majesté neuf ans plus tard pour une stupéfiante Nelsonmesse de Haydn.
Gielen l’entend comme un grand geste dramatique pas si éloigné que cela de celui que Haydn déploiera dans La Création, lui donne une ampleur, une intensité qui l’éloigne de tout rococo. La puissance de cette proposition change radicalement le visage de l’œuvre, Gielen insistant avec à propos sur les effets stupéfiants dont Haydn parsème cette partition majeure.
Un bémol : Elena Moșuc est un rien inférieure, de format vocal, à la redoutable écriture ornée de sa partie, mais quelques notes forcément élégantes de Steve Davislim, une alto ardente, une belle basse, un chœur exalté sinon parfait, achèvent de rendre la captation décidément précieuse.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Missa solemnis (Messe No. 4) en ut mineur, K.139/47a
« Waisenhausmesse »
Max Emanuel Cenčić, soprano garçon – Arthur Trainacher, alto garçon – Jozef Kundlák, ténor – László Polgár, basse – Wiener Sängerknaben – Chœur d’hommes du Wiener Staatsopernchor
Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Missa in angustiis en ré mineur, Hob. XXII:11 « Nelsonmesse »
Elena Moșuc, soprano – Annette Markert, contralto – Steve Davislim, ténor – Anton Scharinger, basse – Chorus Sine nomine
ORF Radio-Symphonieorchester Wien
Michael Gielen, direction
Un album du label Orfeo C240111
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Photo à la une : le chef d’orchestre Michael Gielen –
Photo : © DR