Richard Strauss aura enclos le chant de Daphné se transformant en laurier dans la petite boîte du violon, Renaud Capuçon la flûte, y dessinant la métamorphose avec une sensualité certaine, bref théâtre d’émotion.
D’ailleurs la scène est partout dès que le violon paraît chez Strauss – et ici il ne manquera que le solo énamouré de Morgen, où l’instrument à cordes est une autre soprano.
Le Concerto de jeunesse a sous l’archet de Renaud Capuçon des foucades, des élans, une plénitude mélodique qu’y mettait jadis Ulf Hoelscher ; le Français y ajoute un ton plus libre, très appassionato, qui se retrouvera dans une lecture torrentielle de l’ardente Sonate où le rejoint le piano versicolore de Guillaume Bellom, décidément chez lui chez Strauss.
Splendeur moins sombre qu’au grand orchestre de cordes, les Métamorphoses voulues par Strauss dans l’intimité du sextuor devienne un requiem intime d’une troublante beauté, alors que le Quatuor de jeunesse sonne très Brahms : les textures sont denses à souhait. Théâtre à nouveau, avec le grand lever de rideau du Sextuor de Capriccio, on croit voir Madeleine rêver.
Splendeur finale (et première dans la chronologie des captations : Salzbourg, édition 2000, Seiji Ozawa dirige ce roman en musique qu’est Ein Heldenleben, un tout jeune homme – vingt-quatre ans – y tient le violon du héros, Konzertmeister alors (et choisi par Claudio Abbado, ne l’oublions pas) du Gustav Mahler Jugendorchester. Les premières noces de Renaud Capuçon et du compositeur du Chevalier à la rose auront produit vingt-cinq ans plus tard cette anthologie précieuse où l’émotion le dispute à la perfection.
LE DISQUE DU JOUR
Richard Strauss
(1864-1949)
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur,
Op. 8, TrV 110
Renaud Capuçon, violon – Wiener Symphoniker – Petr Popelka, direction
Sonate pour violon et piano en mi bémol majeur, Op. 18, TrV 151
Quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle en ut min, Op. 13, TrV 137
Renaud Capuçon, violon – Paul Zientara, alto – Julia Hagen, violoncelle – Guillaume Bellom, piano
Daphne-Etude, TrV 272b
Renaud Capuçon, violon
Capriccio, Op. 85, TrV 279 – Sextett [TrV 279a]
Metamorphosen, TrV 290 (version pour septuor à cordes : Rudolf Leopold)
Renaud Capuçon, violon I – Christoph Koncz, violon II – Gérard Caussé, alto I – Veronika Hagen, alto II – Clemens Hagen, violoncelle I – Julia Hagen, violoncelle II – *Alois Posch, contrebasse
Ein Heldenleben, Op. 40, TrV 190
Renaud Capuçon, violon solo – Gustav Mahler Jugendorchester – Seiji Ozawa, direction
Un album de 3 CD du label Deutsche Grammmophon 4867082
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Photo à la une : le violoniste Renaud Capuçon –
Photo : © Mélanie Bahuon