Le 26 mars 1981, Bernard Haitink glisse sa direction fluide dans le souvenir de celle de Rafael Kubelik. Les Bavarois semblent se remémorer la lyrique éperdue de leur patron tchèque qui ne les avait pas tout à fait délaissés depuis la fin de son magister trois ans auparavant. L’orchestre se cherchait alors un nouveau directeur musical, le fini, l’élégance et le feu de cette admirable Septième Symphonie pourraient laisser croire qu’il l’avait trouvé, mais finalement l’aventure se poursuivra avec Sir Colin Davis.
Moins sombre que les gravures ardentes d’Hans Schmidt-Isserstedt ou de Carlo Maria Giulini, mais autrement prégnant que l’enregistrement d’Haitink avec son Concertgebouw, cette Septième lyrique est de bout en bout une merveille, rubatos subtils, bois en état de grâce, quatuor chambriste, elle force l’attention par une intensité poétique pourtant jamais soulignée, atteint dans le Poco Adagio à une dimension quasi mystérieuse, Haitink élargissant la mesure pour mieux laisser chanter les timbres d’un orchestre audiblement fasciné. Grand moment, que viendra fouetter l’énergie sans brutalité d’un Scherzo envolé.
Le Scherzo capriccioso capté deux jours plus tôt est du même élan, ajout bienvenu à ce précieux album Dvořák. Espérons que d’autres concerts dédiés par les mêmes à l’auteur de Rusalka seront tirés pas la Bayerischer Rundfunk du sommeil de ses archives.
LE DISQUE DU JOUR
Antonín Dvořák (1841-1904)
Symphonie No. 7 en ré mineur, Op. 70, B. 141
Scherzo capricioso, Op. 66,
B. 131
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Bernard Haitink, direction
Un album du label BR-Klassik
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Photo à la une : le chef d’orchestre Bernard Haitink, en répétition avec le Concertgebouw d’Amsterdam, en 1971 – Photo : © Frits van Swoll