La distance qui sépare l’élégance élégiaque de l’Andante e Allegro con fuoco de Guido Alberto Fano et les orages du triptyque de Cristian Carrara – cent vingt-cinq ans – pourrait passer quasi inaperçue si au centre du disque ne résonnaient les mystères lumineux du Piccolo Concerto per Muriel Couvreux d’un Luigi Dallapiccola tout juste échappé de ses Canti di prigionia.

Composé au prétexte d’un cadeau musical offert à la fillette d’un couple d’amis parisiens, ses six brefs poèmes sont comme posés au bord du goufre de la guerre. Poésie merveilleuse de fragilité où, dans le Notturno, on croit entendre les battements d’ailes de phalènes. C’est le point fort de ce beau disque voulu par Roberto Prosseda, qui propose une alternative heureuse à l’ancien enregistrement de Bruno Canino, l’apport de l’orchestre si finement dirigé par Nir Kabaretti achevant de faire la différence.

Troisième Prix au Concours de Bruxelles 1969, le Concerto du padouan Silvio Omizzolo est un peu plus qu’une curiosité, écriture habile, sens mélodique certain, goût des atmosphères étranges, parfois assez proches de l’univers sonore de Gian Francesco Malipiero. Roberto Prosseda le joue avec brio au long des deux Allegros, et une âpreté certaine dans l’Andante maestoso, sommet d’une œuvre qui demande plusieurs écoutes et donne envie d’en savoir plus sur ce compositeur trop oublié.

LE DISQUE DU JOUR

War Silence
Rare Italian Piano Concertos

Guido Alberto Fano
(1875-1961)
Andante e Allegro con fuoco
Luigi Dallapiccola
(1904-1975)
Piccolo Concerto per Muriel Couvreux
Silvio Omizzolo (1905-1991)
Concerto per pianoforte e orchestra
Cristian Carrara (né en 1977)
War Silence

Roberto Prosseda, piano
London Philharmonic Orchestra
Nir Kabaretti, direction

Un album du label Hypérion Records CDA68458
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Photo à la une : le pianiste Roberto Prosseda – Photo : © DR