Martha Argerich fait depuis longtemps ses délices du Concerto en ré majeur de Haydn, objet chéri d’un lointain disque Ricordi (repris par Sony), elle l’aura retrouvé à Lugano avec un bonheur certain et l’aura enregistré pour Deutsche Grammophon, mais aucune de ces versions n’aura retrouvé la joie sans mélange, le giocoso pianistique mutin, griffé, espiègle, et la touche d’affection mozartienne qu’elle y aura mis le 13 avril 1992 à Varsovie avec l’Orchestre Amadeus et Agnieszka Duczmal.
Cela virevolte et pourtant rêve (la cadence de l’Adagio, moment inouï), c’est d’une délicatesse de clavier infinie, avec une main gauche qui papillonne, quelque chose d’infiniment libre dans la plus grande précision, de timbres, d’accents, d’élans. Une sorte de perfection qu’y auront mis aussi, mais avec de tout autres claviers Tatiana Nikolayeva ou Sviatoslav Richter.
L’électricité n’était pas que sur scène, dans la salle quelques huées la font rebondir au piano et envoler la Sonate Kk. 141 : Scarlatti danse, irrésistible.
L’année suivante, Mischa Maisky joue avec panache le Concerto en ut, puis comme souvent, on ne peut plus l’arrêter : trois bis, Sarabandes et Bourrées dites d’un archet monumental.
Vite, je retourne vers Argerich.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Joseph Haydn
(1732-1809)
Concerto pour clavier et orchestre en ré majeur, Hob. XIII:11
Concerto pour violoncelle et orchestre en ut majeur Hob. VIIb:1
Martha Argerich, piano
Mischa Maisky, violoncelle
Orchestre de Chambre de la Radio Polonaise Amadeus
Agnieszka Duczmal, direction
Un album du label NIFCCD052
Photo à la une : © DR