Javier Perianes avait déjà effleuré les sortilèges debussystes dans un album subtilement composé où le compositeur de La Boîte à joujoux était mis en regard avec Frédéric Chopin.
Son piano d’onde(s), où jamais ne frappe un marteau est idéal pour les espaces pianissimos du Premier Livre de Préludes, qu’il joue large, usant de toute la profondeur d’un splendide Steinway : Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir sont magiques (et plus voluptueux qu’en son premier essai), Voiles irréelles, Les Collines d’Anacapri telles une fantaisie en écho : c’est un rêve les yeux ouverts, avec quelque chose d’infiniment secret, une sorte de confidence perpétuelle qui refuserait tout éclat.
Il faut bien avouer que les doigts butent pourtant sur Ce qu’a vu le vent d’Ouest, mais cette Fille au cheveux de lin désarmante de poésie, le sombre abîme d’où l’on voit pourtant La Cathédrale engloutie et surtout les notes de silence éparses de Des pas sur la neige me font songer que son art s’accorderait plus encore au Deuxième Livre, hélas dévolu dans la même série à Alexander Melnikov.
Alors je me console avec ses Estampes voluptueuses et secrètes, Pagodes dans la brume, Soirée dans Grenade nocturne et très gitane, aquarelle mobile de Jardins sous la pluie et ses comptines diffractées : triptyque merveilleux qui comme quasi tout le reste du disque doit enjoindre harmonia mundi à poursuivre l’aventure Debussy de Javier Perianes.
LE DISQUE DU JOUR
Claude Debussy (1862-1918)
Préludes, Livre I, L. 125
Estampes, L. 108
Javier Perianes, piano
Un album du label harmonia mundi HMM902301
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Photo à la une : le compositeur Claude Debussy en ballade sur les plages normandes – Photo : © DR