Sapristi ! Y aurait-il plusieurs Gustav Holst ? Celui des Planètes semble en fait étranger aux autres incarnations de ce génie divers qui aura produit un savoureux ensemble d’opéras de poche, des opus exotiques où la fascination des Indes dissout la puissance de l’emprise britannique (tout comme pour John Foulds), et un corpus d’œuvres faisant la synthèse entre les musiques scandinaves et le monde des folksongs qu’il herborisa en compagnie de son ami Ralph Vaughan Williams.
Si l’on excepte Indra et son Inde sombre et merveilleuse subtilement évoquée par Sir Andrew Davis, toutes les autres œuvres de ce quatrième volume de l’intégrale des pages symphoniques appartiennent à la veine insulaire.
Quelle merveille que la venteuse A Winter Idyll, poème des landes d’une incroyable puissance suggestive, et si vous ne connaissez pas la délicieuse Moorside Suite, vous succomberez à ses charmes à la fois élégants et populaires.
Le brillant Scherzo rescapé d’une seconde symphonie jamais achevée, et l’Invocation où l’on peut entendre des prémonitions de la Vénus des Planètes – Guy Johnston phrase avec éloquence la partie de violoncelle – cèdent le pas devant cette splendeur qu’est la Symphonie « The Cotswolds », œuvre d’un jeune homme qui n’a pas encore vingt-cinq ans, et dont l’Elegy est un tombeau de musique érigé à la mémoire de son mentor William Morris. Les trois autres mouvements, piqués de folksongs, d’une écriture hardie, sont irrésistibles d’élan, Sir Andrew Davis leur donnant tout leur piquant rythmique, leur sel harmonique, surclassant les deux seules versions antécédentes.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Holst (1874-1934)
Œuvres orchestrales – Vol. 4
A Winter Idyll, H. 31
Symphonie en fa, Op. 8, H. 47 “The Cotswolds”
Invocation pour violoncelle et orchestre, Op. 19 No. 2, H. 75 “A Song of the Evening”
A Moorside Suite, pour orchestre d’harmonie, H. 173 (version pour cordes, 1932)
Indra, Op. 13, H. 66
Scherzo, H. 192
Guy Johnston, violoncelle
BBC Philharmonic
Sir Andrew Davis, direction
Un album du label Chandos CHSA5192
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Photo à la une : Emil Cossart, Imogen Holst et Gustav Holst, en 1932 – Photo : © The Holst Foundation