C’est entendu, Andrè Schuen est depuis Matthias Goerne et Christian Gerhaher le nouveau liedersänger que le monde espérait : son album Schubert le fait l’égal des plus grands et je reprends ici un à un ses disques précédents.
Ici, en trois compositeurs, il fait le tour de la question : ses Schumann visionnaires et lyriques sont des modèles de beau chant et d’intensité expressive, portés par le piano paysage de Daniel Heide qui par ses phrasés, ses accents, lui est un vrai Doppelgänger. Leur sens de la nuance, leur dilection pour un chant intériorisé vont droit au cœur des poèmes de Heinrich Heine, que ce soit dans le Liederkreis Op. 24 ou dans les six Lieder qu’ils ajoutent. Sommet de ce bouquet, les deux Tragödie.
L’album se referme par les terribles Monologues de « Jedermann », où le verbe doit flamboyer, précis de déclamation que Dietrich Fischer-Dieskau magnifiait à force d’effets, alors qu’Andrè Schuen en affronte les précipices sobrement.
Mais le plus fort reste les trois Harfenspieler de Wolf, pas entendus avec cette hauteur de ton amère, cette solitude irrémédiable, depuis Hans Hotter lui-même. Et si demain, les deux amis nous donnaient un plein disque Wolf ?
En plage 25, une surprise de quasi silence.
LE DISQUE DU JOUR
Robert Schumann
(1810-1856)
Liederkreis, Op. 24
6 Lieder sur des poèmes de Heine (sélection)
Hugo Wolf (1860-1903)
Harfenspieler I-III (extraits des “Goethe-Lieder”)
Frank Martin (1890-1974)
6 Monologues aus « Jedermann »
Andrè Schuen, baryton
Daniel Heide, piano
Un album du label CAvi-Music 8553330
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Photo à la une : le baryton Andrè Schuen – Photo : © Angelika Schwarz