Ce n’est pas faire injure à François-Xavier Roth et à ses Siècles, moins encore à Tabea Zimmermann, que d’avouer que j’ai sauté à pieds joints par-dessus leur Harold en Italie aussi surprenant que déconcertant : cet orchestre éruptif, cet alto magique, vrai personnage, ont leurs atouts, vous y viendrez ou pas, mais je crois bien que comme moi vous fondrez dans la mélancolie de ces Nuits d’été inattendues où Stéphane Degout vole tranquillement la vedette à deux siècles de mezzo-sopranos.
Affaire de timbre – ce creusement, ce sfumato du medium qui – paradoxe !- précise pourtant les mots, ce legato où les syllabes viennent vous étreindre comme un chant de violoncelle, ah, Gautier n’aurait pas osé les imaginer, mais Berlioz en serait lui aussi surpris.
C’est l’art qui cache l’art, cet enveloppement visionnaire qui transporte vers un horizon chimérique, cette voix où le poème s’incarne dans une telle noblesse et avec tant d’émotion. Qui chantait la mélodie ainsi ? Plus personne en tous cas depuis Charles Panzéra dont Stéphane Degout ressuscite ici les mânes. Venez vous y étourdir, et rêver dans cette nuit sans lune, infini sépulcre, venez danser avec le fantôme.
LE DISQUE DU JOUR
Hector Berlioz (1803-1869)
Les Nuits d’été, H. 81B
Harold en Italie, H. 68
Stéphane Degout, baryton
Tabea Zimmermann, alto
Les Siècles
François-Xavier Roth, direction
Un album du label harmonia mundi HMM 02634
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Photo à la une : le baryton français Stéphane Degout – Photo : © Julien Benhamou