Les Sonates de Franck et de Lekeu, celles de Godard, de Saint-Saëns, de Fauré auront établi la prééminence française dans la littérature du genre au tournant du XIXe siècle. Debussy puis Ravel pouvaient oser leurs révolutions, il faudra désormais leur adjoindre Louis Aubert.
La Sonate, atmosphérique, pleine de vents et d’embruns, qu’il couche sur le papier à musique en 1926 est aussi merveilleuse qu’oubliée, elle est l’opus majeur par quoi s’ouvre le bel album monographique que consacrent au compositeur Stéphanie Moraly et Romain David : voici toute l’œuvre pour violon et piano, pièces brèves de caractère d’un charme fou dont un inédit, le tardif Sur deux noms (1947) à quoi s’ajoutent quelques opus pour le seul piano, le malicieux Lutins de 1903, le triptyque très fauréen des Trois esquisses (1900) et celui des Sillages, où Romain David fait jeu égal avec la version princeps de Marie-Catherine Girod.
Mais c’est à la Sonate que vous reviendrez d’abord, d’autant qu’elle a trouvé en Stéphanie Moraly une interprète experte qui sait tout de la sonate pour violon et piano française. Il y a encore tant à enregistrer dans le catalogue de Louis Aubert qui n’est décidément pas que l’auteur de la Habanera, un disque regroupant ses mélodies – les Poèmes arabes défendus par Irma Kolassi sont un peu célèbres, les somptueux Crépuscules d’automne beaucoup moins – serait une belle initiative.
LE DISQUE DU JOUR
Louis Aubert (1877-1968)
Sonate pour violon et piano, « à la mémoire de mon maître Gabriel Fauré »
Caprice pour violon seul
Berceuse, extraite de la « Suite brève, Op. 6 »
Sillages, pour piano solo, Op. 27
Aubade pour violon et piano
Lutins, pour piano solo, Op. 11
Romance, pour violon et piano
3 Esquisses, pour piano, Op. 7
Romance, Op. 2
Madrigal, Op. 9 No. 1
Sur deux noms, pour violon et piano
Stéphanie Moraly, violon
Romain David, piano
Un album du label AZC166
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Photo à la une : la violoniste Stéphanie Moraly et le pianiste Romain David – Photo : © DR