13 octobre 1957, un jeune pianiste polonais, protégé d’Artur Rubinstein, fait ses débuts américains au Carnegie Concert Hall avec rien moins que Dimitri Mitropoulos et le New York Philharmonic. Leur Troisième Concerto de Prokofiev est un incendie, fulgurant et sensuel, même si l’on sent chez le jeune homme comme chez le chef visiblement subjugué une certaine nervosité. Tant mieux, elle les force à faire des étincelles.
Vingt ans plus tard, avec l’ami Uri Segal, ce piano électrique est devenu classique, d’une élégance folle pour une Rhapsodie sur un thème de Paganini où Tchaikowsky met autant de brio que de nostalgie. Quel toucher, quel art de timbrer chez ce pianiste parvenu au sommet de son art alors que le démon de la composition l’éloignait de plus en plus de son piano.
Durant le même concert du 30 décembre 1976 à Birmingham, il jouait l’une de ses œuvres favorites, le Concerto pour la main gauche. Interprétation prodigieuse, macabre, violente, fusante, où justement le compositeur paraît tant ses audaces démasquent la poésie de Ravel. Document fascinant et à vrai dire indispensable.
« Premier volume », annonce Yves St. Laurent, on guettera la suite avec appétit.
LE DISQUE DU JOUR
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour piano et orchestre No. 3 en ut majeur, Op. 26
Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano et orchestre en ré majeur, M. 82 (Pour la main gauche)**
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Rhapsodie sur un thème de Paganini, Op. 43**
André Tchaikowsky, piano
New York Philharmonic Orchestra
**Birmingham Symphony Orchestra
Dimitri Mitropoulos, direction
**Uri Segal, direction
Un album du label Yves St-Laurent Studio YSL 772-T
Acheter l’album sur le site du label www.78experience.com
Photo à la une : © DR