La voix du violoncelle

La belle idée !, ouvrir un disque consacré aux sonates pour violoncelle de Brahms par deux mélodies, Wie Melodien zieht es mir, arabesque heureuse, et la Sapphische Ode, sensuelle prière. L’archet de Julia Hagen se plie comme la voix d’une alto, souple et poète, et dans le même souffle, il modèle la longue phrase qui dévoile le décor automnal de la Sonate Op. 39.

Disque magnifique : les deux amis dépoussièrent les sonates de ce pathos qui les encombre si souvent, elles les chantent prestes, savourent leurs harmonies plus slaves qu’allemandes, cherchent et trouvent les chemins de traverse en ombrant le discours, en modelant les nuances piano, phrasant ténu, avec cette belle couleur d’alto qui enchante le grand corps du violoncelle où vient se fondre le piano.

Les lieder reviendront en entracte – sublime Feldeinsamkeit ! – et en postlude, rappelant que même dans l’automne quasi hivernal de la tardive et tempétueuse Sonate en fa majeurBrahms semble se souvenir du violoncelle palpitant de Schumann, tout n’est que chant.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)
Lieder (arr. pour violoncelle et piano)
Wie Melodien zieht es mir, Op. 105 No. 1
Sapphische Ode, Op. 94 No. 4
Feldeinsamkeit, Op. 86 No. 2
Liebestreu, Op. 3 No. 1
Minnelied, Op. 71 No. 5
Wiegenlied, Op. 49 No. 4

Sonate pour violoncelle et piano No. 1 en mi mineur, Op. 38
Sonate pour violoncelle et piano No. 2 en fa majeur, Op. 99

Julia Hagen, violoncelle
Annika Treutler, piano

Un album du label Hänssler Classic CDHC17060
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Photo à la une : la violoncelliste Julia Hagen – Photo : © Neda Navaee