Rudolf Serkin aura connu pléthore de chefs, certains s’accordant naturellement à son art, Fritz et Adolf Busch, Alexander Schneider, Pablo Casals, George Szell, pianiste lui aussi, tous des compagnons en musique capables de comprendre son art si simple.
Il faudrait ajouter à ce club restreint Artur Rodzinski qui l’accompagne ici dans deux concertos où la fin de la guerre semble célébrée dans un surcroît de lumière. Ces enregistrements inédits montrent Serkin dans sa radieuse maturité, un classique absolu, magique par l’économie et le feu dans un Troisième de Beethoven absolument historique pour la concentration des phrasés et des couleurs parfois mozartiennes dans le Largo qu’il ne laissait pas voir d’habitude, mais Rodzinski l’encourage, le lui dirigeant comme un opéra, et Serkin chante de sa voix de nez, si heureux.
Moments magiques que prolonge encore un Premier Concerto de Brahms élancé, au Maestoso magnifiquement amené, plus ivre que tempête et dont la coda voit Serkin prendre feu littéralement, abrasant son clavier, rappelant de quelle furia il était capable, lui pourtant si bon.
Un Adagio comme venu d’un autre monde ne peut plus s’oublier, avant que Serkin ne danse les délicieux hungarismes d’un Finale que Rodzinki dirige sur les pointes. Historique certes, mais d’abord magique.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 3 en ut mineur, Op. 37
Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en ré mineur, Op. 15
Rudolf Serkin, piano
Philharmonic Symphony Orchestra of New York
Artur Rodzinski, direction
Un album du label Pristine Audio PASC566
Acheter l’album sur le site du label www.pristineclassical.com
Photo à la une : le pianiste Rudolf Serkin – © Sony Classical