Fassbaender et Schreier avaient raccroché les costumes de Dorabella et de Ferrando, Mathis avait trouvé son rôle avec Pamina, Berry les rejoignait pour cette séance de Lieder à plusieurs voix, répétés comme en délassement aux tensions de la scène : ils allaient clore le festival de cette année-là avec deux compositeurs qu’on y entendait plus rarement que Mozart ou Strauss.
Merveille de la soirée, le livre espagnol de Schumann, tellement peu couru et qui pourtant compte parmi ses chefs-d’œuvre de pure poésie. Il faut entendre comment timbre à timbre les quatre amis se marient et comment Mathis, en sublime voix, rayonne dans tout cela, embaumant jusqu’au chant de Schreier. Fassbaender évidemment fabuleuse, Berry impeccable, le piano de Werba sur les pointes, merveille qui surclasse les trop rares versions au disque.
Et les Liebeslieder-Walzer de Brahms ? Brillantes, spirituelles, littéraires en diable, à cent lieues du divertissement confortable et convenu qu’on y entend trop souvent, emmenées – cela s’entend – par une Fassbaender souveraine qui met toute son ardeur vocale à teinter d’un parfum très Mittel-Europa ce cahier irrésistible. Inoubliable soirée du Salzbourg Festspiel de 1974 enfin publiée.
LE DISQUE DU JOUR
Robert Schumann
(1810-1856)
Spanisches Liederspiel, Op. 74
Johannes Brahms (1732-1809)
18 Liebeslieder-Walzer, Op. 52
Edith Mathis, soprano
Brigitte Fassbaender, mezzo-soprano
Peter Schreier, ténor
Walter Berry, baryton
Paul von Schilhawsky, piano
Erik Werba, direction
Un album du label Ofeo C953181B
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Photo à la une : © Festival de Salzburg