Ce n’est pas un secret, l’âge venant, Ian Bostridge ose tout. Voilà qu’il se risque à trois cycles majeurs de la mélodie française sans craindre de confronter son instrument modeste au grand orchestre.
Ses Nuits d’été, passionnantes, regardées au travers du pathétisme des poèmes de Gautier le montrent parfois à la trame, affaire de tessiture peut-être mais surtout de format vocal : lorsque le forte doit paraître, il s’aigrit malgré tout le soin que met Ludovic Morlot à l’accompagner avec art.
Les harmonies troubles, les lignes ondoyées, les aigus pâmés des Baudelaire de Debussy vêtus d’un orchestre d’étoiles par John Adams sont simplement sublimes dans sa voix de diseur, mais c’est dans les doubles-sens, les non-dits de la Shéhérazade de Ravel qu’il atteint à une sorte d’idéal, triomphant des pièges d’Asie qu’il dit comme un conte, pour saisir les mystères de La Flûte enchantée et plus encore la sensualité lasse de L’Indifférent, changeant le sens profond du poème.
Disque singulier, étrillé par la critique française, et qui séduira celui qui saura l’entendre.
LE DISQUE DU JOUR
Hector Berlioz (1803-1869)
Les Nuits d’été, Op. 7, H. 81
Maurice Ravel (1875-1937)
Shéhérazade, M. 41
John Adams (né en 1947)
Le livre de Baudelaire (d’après Nos. 1-4 des « 5 Poèmes de Baudelaire, L. 70 »)
Ian Bostridge, ténor
Seattle Symphony
Ludovic Morlot, direction
Un album du label Seattle Symphony Media SSM1021
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Photo à la une : le ténor Ian Bostridge – Photo : © Sim Canetty Clarke