Moscou, Salle Rachmaninov du Conservatoire, un jeune homme de dix-huit ans s’avance vers le piano sous le regard bienveillant de son professeur. Impossible de ne pas croire que Nikolaï Lugansky ne jouera pas d’abord pour elle tout ce programme Bach appris avec elle et dès l’emportement de la Fantaisie chromatique et Fugue comme hérissée de timbres, on sait que sous ses jeunes doigts vivront et l’art de timbrer et les phrases expressives et les polyphonies aux équilibres mystérieux qui auront signé le style de Tatiana Nikolayeva.
Le jeune homme y ajoute pourtant ce cantabile très fin, ce sens classique des équilibres, une si subtile et si élégante nature sonore qui se sépare du grand jeu de son professeur ; il a déjà son propre monde où la virtuosité ne sera qu’un moyen. Clou du concert, la grande Partita en mi mineur où il faut savoir varier la langue, ajuster les polyphonies et le contrepoint dans les danses, ce que le Finale du Concerto italien avait déjà montré : ce toucher égal peut fuser à volonté.
Soirée miraculeuse, enfin éditée où Nikolai Lugansky se reconnaîtra, déjà pleinement comme l’artiste qu’il est.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Fantaisie chromatique et Fugue en ré mineur,
BWV 903
Concerto italien en fa majeur, BWV 971
Partita No. 6 en mi mineur, BWV 830
Nikolai Lugansky, piano
Un album du label Melodiya MELCD1002570
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Photo à la une : le pianiste Nikolai Lugansky – Photo : © Caroline Doutre/Harrison Parrott