Messiaen avant Messiaen ? Le triptyque des années trente contient pourtant toute la pensée musicale de l’auteur des Vingt Regards, la propension à l’extase, les espaces planes et infinis des cordes où se tuile une flûte et qui doivent beaucoup aux pages les plus avancées de Charles Koechlin. C’est la part la moins courue au disque des œuvres d’orchestre de Messiaen depuis que Marius Constant les aura fait émerger des tiroirs, les enregistrant pour Erato à la demande de Michel Garcin ; Paavo Järvi si versé dans les œuvres rares du répertoire français – il aura fait entendre à l’Orchestre de Paris jusqu’aux Trois Danses de Maurice Duruflé – ne pouvait qu’y aller voir.
La sérénité de la première section des Offrandes oubliées est assez inouïe, rêve de sons, avant que n’éclate la furia et que ne revienne ce sourire de cordes, auquel Paavo Järvi enchaîne d’ailleurs l’œuvre quasi ultime, ce presque-rien de sons coulé de la plume d’un Messiaen octogénaire, et justement intitulé Un sourire, qui est au fond ce qu’il aura écrit de plus chrétien.
Paavo Järvi fait rayonner comme une proclamation l’incendie qui ouvre Le Tombeau resplendissant, mais c’est dans les quatre louanges de L’Ascension qu’il dévoile toutes les beautés du grand orchestre méditatif ou exultant que Messiaen y invente, entraînant la Tonhalle dans un univers qu’elle exulte de découvrir. Le livret contient la retranscription d’un entretien éclairant avec le chef d’orchestre.
LE DISQUE DU JOUR
Olivier Messiaen (1908-1992)
Le Tombeau resplendissant
Les Offrandes oubliées, méditation symphonique
Un sourire
L’Ascension – 4 méditations symphoniques
Tonhalle-Orchester Zürich
Paavo Järvi, direction
Un album du label Alpha 548
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Photo à la une : le chef d’orchestre Paavo Järvi – Photo : © Alberto Venzago