Mariss Jansons le sait bien : Mahler inventa dans sa Première Symphonie un nouveau monde sonore. L’introduction piano est sous sa baguette belle comme un nocturne profond, les sonneries de la chasse du Roi Marke y résonnent, le chant des cors, c’est l’appel de Brangäne : Jansons nous transporte quasiment dans le Deuxième Acte de Tristan, soulignant que Mahler jeune homme inventait son univers en partant de ce Wagner-là.
La lecture, captée lors de concerts les 1er et 2 mars 2007 est de toute beauté, d’abord par l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise toujours chez lui ici, même s’il me semble qu’il ne l’a jamais été autant depuis Rafael Kubelik.
Mais il faut souligner à quel point le geste de Mariss Jansons est celui d’un esthète. Il refuse toute idée d’un Mahler expressionniste, le dirige au contraire avec des souvenirs de Mozart et dans un éclairage très net qui le font à la fois classique et moderne, romantique jamais sinon par cette évocation de la nuit de Tristan et Isolde qui pose un cadre préliminaire.
Le Scherzo sera tenu, la marche décantée, sublime « Nachtmusik » avant l’heure recélant des jeux de timbres inouïs, l’immense Finale fera d’abord entendre la plus longue ligne de chant que Mahler ait jamais composée, refreinant le spectaculaire. Cela en laissera certains au bord du chemin, pas moi, j’y trouve l’essence d’une partition qu’on a trop galvaudée.
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 1, « Titan »
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Mariss Jansons, direction
Un album du label BR-Klassik 900179
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Photo à la une : le chef d’orchestre Mariss Jansons – Photo : © DR