Les grandes basses chantantes, Greindl, Hotter, Ridderbusch, s’étaient approprié le répertoire assez vaste des Ballades, fleurons du romantisme germanique, herborisant d’abord chez Carl Loewe. Tout jeune, Dietrich Fischer-Dieskau qui voulait, à toute fin, faire entendre autant le mot que la note y trouva l’un de ses paradis, éclairant sensiblement ces sombres récits et révélant bien des pépites en dehors même de l’imposant corpus de Loewe.

La voie était ouverte, peu pourtant l’auront empruntée, préférant ce qui est d’abord mélodie et accessoirement récit. Avec quel courage, mais surtout quelle voix magnifique, Konstantin Krimmel, jeune recrue d’Alpha, assemble pour ce qui est son premier disque treize Ballades dont Loewe est le (modeste) fil rouge : quatre opus seulement, et des plus significatifs : Tom der Reimer qui ouvre le disque, Herr Oluf, Erlkönig et le génial Odins Meeresriff pour refermer le voyage. Mais on y trouvera aussi Schubert en limite de genre – son Gruppe aus dem Tartarus est terrible de noirceur, défi qui s’entend un peu pour un timbre si clair même dans le plus sombre –, Schumann, et des raretés magnifiques d’Adolf Jensen.

Mais baste, cette voix de baryton est destinée demain aux grands cycles de Schubert – même si jeune il nous ferait déjà un Voyage d’hiver crédible –, aux paysages d’automne des innombrables lieder de Pfitzner (et en particulier aux Eichendorff) qui semblent exactement écrits pour sa voix comme pour le piano subtil et éloquent de Doriana Tchakarova qui dit autant que son chanteur.

LE DISQUE DU JOUR

Saga

Carl Loewe (1796-1869)
Tom der Reimer, Op. 135a
Herr Oluf, Op. 2 No. 2
Erlkönig, Op. 1 No. 3
Odins Meeresritt, Op. 118
Adolf Jensen (1837-1879)
Romanzen und Balladen,
Op. 41 (2 extraits : II. Die Braut,
IV. Rübezahl)
Waldesgespräch, Op. 5 No. 4
Franz Schubert (1797-1828)
Der Zwerg, D. 771
Gruppe aus dem Tartarus, D. 583
Prometheus, D. 674
Robert Schumann (1810-1856)
Belsatzar, Op. 57
Romanzen und Balladen, Vol. II, Op. 49 (2 extraits : I. Die beiden Grenadiere, II. Die feindlichen Brüder)

Konstantin Krimmel, baryton
Doriana Tchakarova, piano

Un album du label Alpha 549
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Photo à la une : la pianiste Doriana Tchakarova et le baryton Konstantin Krimmel – Photo : © DR