C’est entendu, George Li a les doigts du Bon Dieu, mais il a aussi un sacré style ! Rien n’est plus dangereux au fond que les premières pages du Premier Concerto de Tchaikovsky qu’il joue en grand son, et dans un tempo tranquille, ouvrant son clavier où les accords rayonnent sans dureté, profus de timbres.
Tout le concerto est joué avec une élégance classique qu’avive encore la direction nette, fusante, de Vasily Petrenko décidément inspiré par Tchaikovsky dont il sait affiner l’orchestre. Le Finale, beau comme une ballade, vous a un de ces charmes !
Le jeune homme aurait pu rester chez Tchaikovsky, mais non, il préfère herboriser chez Liszt, Jeux d’eaux dorés, magiques, où les trilles sont de vrais rossignols, Sonnetto 104 admirablement dit, prélude à une lecture tempétueuse des Réminiscences de Don Juan où il ne fait qu’une bouchée des terribles élans de Liszt comme de ses galanteries. Le ton tour à tour tragique puis brillant qu’il confère à cette paraphrase sombre me laisse espérer qu’un jour prochain il osera mettre le grand son si contrôlé de son piano aux cercles infernaux d’Après une lecture du Dante.
LE DISQUE DU JOUR
Piotr Illich Tchaïkovski (1840-1893)
Concerto pour piano No. 1 en si bémol mineur, Op. 23
Franz Liszt (1811-1886)
Les Jeux d’eaux à la Villa d’Este, S. 163/4
Sonnetto 104 del Petrarca,
S. 161/5
Réminiscences de Don Juan,
S. 418
George Li, piano
London Philharmonic Orchestra
Vasily Petrenko, direction
Un album du label Warner Classics 19029537957
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Photo à la une : le pianiste George Li – Photo : © Paul Marc Mitchell / Parlophone Records Ltd