Obsession Goldberg

Konstantin Lifschitz, jeune homme, fit des débuts très remarqués au disque, en enregistrant les Variations Goldberg peu après avoir remporté avec elles son diplôme de fin d’études au Conservatoire Gnessin en 1994. Vingt ans plus tard, dans la si tendre acoustique de la Grosser Saal de la Musikhoschule de Würzburg, il revenait à ce labyrinthe, le jouant dans une lumineuse sérénité.

Clavier agile, main d’organiste qui timbre partout, toujours, que ce soit dans l’allégement ou dans l’éclat, c’est avec ces nouvelles Goldberg qu’il entamait pour Orfeo un petit cycle Bach auquel se sont ajoutés récemment les Concertos pour clavier.

Le ton, ici, est intime, le discours fluide, c’est un cycle de confidences, d’apartés, qui fuit comme la peste l’idée du grand œuvre et montre dans les phrasés, les accents, la parfaite transparence des polyphonies, la volonté de rester dans le registre de l’intime.

Est-ce pour cela qu’elles sonnent si sensibles, si naturelles, que rien n’y semble sollicité ? Au-delà de cette élégance des surfaces s’impose progressivement la perfection de la structure, la rectitude des formes, la logique des discours, mais sans que jamais cela ne proclame contre la musique, contre sa poésie.

Orfeo aura bien eu raison d’éditer cette gravure où le génie d’un des pianistes majeurs de sa génération s’affirmait dans sa première maturité, qu’il nous rende les autres Bach, le Deuxième Concerto de Brahms que lui dirigea Dietrich Fischer-Dieskau, ce ne sera que justice alors qu’Alpha vient de faire paraître son intégrale des Sonates de Beethoven.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Variations Goldberg, BWV 988

Konstantin Lifschitz, piano

Un album du label Orfeo C864141A
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Photo à la une : le pianiste Konstantin Lifschitz – Photo : © DR