Hier, il se faisait Faune pour les Etudes de Debussy, aujourd’hui Dante pour la Sonata et même un peu Faust pour la Sonate en si mineur. Mais commencez d’abord par la Csardas obstinée, ce martelato où ricane Méphisto.
Quel génie ce Joseph Moog !, non seulement il a les doigts du Bon Dieu, mais en plus l’inspiration du Diable. Quel souffre dans ce clavier, et quelle métaphysique lorsque, sortant des cercles infernaux d’Après une lecture du Dante, il proclame ce chant que Busoni entendra, et dont il fera le miel de son œuvre.
Il fallait bien qu’un jour un pareil virtuose, qui a probablement acheté ses doigts de pianiste au Diable en gardant son âme d’artiste, vienne se brûler à Liszt. Son clavier s’y enflamme, sans jamais perdre cette parfaite radiation des timbres et des rythmes, au point qu’il y a quelque chose d’inhumain dans sa Sonate en si et d’absolument surnaturel dans la Fantasia quasi una fantasia qui s’approche par un certain absolu du geste de celles que Claudio Arrau délivrait au concert. Je sais, la comparaison n’est pas mince, mais vous l’entendrez.
Au centre de ce volcan éruptif, les deux Légendes, précis de couleurs où le clavier ruisselle dans une ivresse d’un raffinement étincelant ou se cabre dans un tsunami de notes, et soudain ce cantabile alla Cziffra. Dio mio !, ce disque est d’un poète, si sombre dans son clavier si clair !
LE DISQUE DU JOUR
Franz Liszt (1811-1886)
Sonate pour piano en si mineur, S. 178
2 Légendes, S. 175
Après une lecture du Dante. Fantasia quasi Sonata, S. 161/7
Csárdás obstinée, S. 225/2
Joseph Moog, piano
Un album du label Onyx Classics 4195
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Photo à la une : le pianiste Joseph Moog – © DR