Je l’espérais, ce Journal d’un disparu selon Pavol Breslik, son long ténor mozartien, ses mots d’Evangéliste donnent ici, dans la langue que Janáček brutalisa ou envola, l’intensité poétique, la vérité dramatique que seul put y trouver avec un tel sentiment d’évidence et de lyrisme Ernst Haefliger, contraint hélas à la version allemande.
C’est peu dire que les illusions, les désespoirs, la tranquille transcendance de ce jeune homme perdu d’amour s’incarne dans le ténor ardent mais blessé de Pavol Breslik : le personnage se dessine à mesure, on l’a devant les yeux, le piano carillon de Robert Pechanec plantant le décor, Ester Pavlu jouant les ensorceleuses lors des trois duos avec sa voix pulpeuse. Le ton tragique de cette disparition poétique a-t-il été jamais saisi avec tant d’acuité ?
Pavol Breslik complète ce voyage – dont on ne revient pas – avec deux recueils de mélodies peu courus, les élans folkloriques des Six Chants populaires d’Eva Gabel, miniatures où le ténor doit fuser, et les paysages venteux des Chants de Detva, ballades de brigand, dont l’imaginaire sonore pourrait-être celui de La Petite Renarde rusée, cycle merveilleux où le ténor fait son timbre profus, vraie sève sonore.
LE DISQUE DU JOUR
Leoš Janáček (1854-1928)
Le Journal d’un disparu, cycle de mélodies pour ténor, alto, chœur de femmes et piano,
JW V/12
6 Chants populaires d’Eva Gabel, JW V/9
Chants de Detva ou les ballades d’un brigand, JW V/11
Pavol Breslik, ténor
Ester Pavlu, mezzo-soprano
Dominika Hanko, soprano
Zuzana Marczelová, soprano
Maria Kovács, mezzo-soprano
Robert Pechanec, piano
Un album du label Orfeo C989201
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Photo à la une : le ténor Pavol Breslik – Photo : © DR