Poèmes pour piano et orchestre

Le disque réparera-t-il l’injustice ? Les Concertos pour piano de Raoul Koczalski, interprète inorthodoxe de Frédéric Chopin dont les gravures restent aussi remarquables que contestées, fut d’abord compositeur, et des plus prolixes : cent-cinquante numéros d’opus qui le placent en marge du groupe Jeune Pologne où brillaient les talents plus modernes de Szymanowski et Fitelberg.

Mais Koczalski a son ton propre, sa lyrique, son écriture reconnaissable immédiatement par ses couleurs exactes, ses mélodies senties, la perfection d’une écriture jamais académique qui le rapprochent d’un Medtner dont il a les accents rhapsodes, d’un Rachmaninov pour le pathos comme pour les fulgurances.

Les deux derniers Concertos pour piano se contrastent : le 5e, composé en 1942 dans les tensions qu’on imagine, est une œuvre noire, amère, âpre. Mais la perle des deux reste l’ultime 6e, partition d’un lyrisme crépusculaire, d’une poésie envoûtante, vrai chant du cygne de son auteur qui s’éteindra deux années plus tard.

Joanna Ławrynowicz en domine l’écriture profuse, trouve la lyrique si singulière de ces deux opus, porté par l’orchestre poétique de Lublin. Et si demain Wojciech Rodek se penchait sur les deux Symphonies ?

LE DISQUE DU JOUR


Raoul Koczalski
(1884-1948)
Concerto pour piano et orchestre No. 5 en ré mineur, Op. 140
Concerto pour piano et orchestre No. 6 en mi majeur, Op. 145

Joanna Ławrynowicz, piano
Orchestre Philharmonique Henryk Wieniawski de Lublin
Wojciech Rodek, direction

Un album du label Acte Préalable AP505
Acheter l’album sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr

Photo à la une : la pianiste Joanna Ławrynowicz – Photo : © DR