Je crois bien que Doomin Kim avait à peine seize ans lorsqu’il enregistra en octobre 2017 ce premier disque, qui est le contraire exact de ces cartes de visite que les jeunes pianistes veulent pouvoir distribuer comme autant de portraits aussi menteurs qu’approximatifs.
Non, lui ne veut justement pas se montrer, il préfère disparaître derrière des pièces choisies avec amour dans cette malle aux trésors inépuisable qu’est le piano de Mendelssohn.
Son toucher plein mais svelte évite au compositeur du Songe d’une nuit d’été le jeu de bouts de doigts qui aura si souvent miniaturisé son clavier : Doomin Kim n’est pas un elfe, avec son piano il peint, diffuse les couleurs dans les notes, crée des paysages même lorsque le ton capricieux pourrait n’être que vélocité – son Rondo capriccioso, si senti, en est la plus belle preuve – il ouvre des espaces où tout le romantisme à la Walter Scott de Mendelssohn s’engouffre.
Quel art dans l’Andante con variazioni, quelle présence mystérieuse dans les trois volets écossais de la Fantasie Op. 28 où il faut savoir dire, phraser, tenir un récit (ce sont des Ballades, autant que celles de Brahms), et lorsqu’il faut que Puck paraisse (le Caprice-Scherzo de l’Opus 16), l’adolescent invente dans son clavier trompettes et fifres.
Quel album réjouissant, quel beau premier cadeau d’un pianiste si jeune et déjà si artiste !
LE DISQUE DU JOUR
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Capriccio en fa dièse mineur, Op. 5
3 Fantaisies, Op. 16
2 Klavierstücke, WoO 19
6 Kinderstücke, Op. 72
Rondo capriccioso en mi majeur, Op. 14
Variations en mi bémol majeur, Op. 82
Fantasie en fa dièse mineur, Op. 28
Doomin Kim, piano
Un album du label Warner Classics 0190295679767
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Photo à la une : le pianiste Doomin Kim – Photo : © Jean-Baptiste Millot