Quelle belle idée eut Jitka Hosprová de créer en présence de Jindřich Feld son Concertino pour flûte, alto et harpe.

Le compositeur lui demanda sans barguigner s’il elle ne voulait pas mettre à son répertoire le Concerto pour alto qu’il avait écrit pour Raphaël Oleg en 2004 dans un but précis : faire perdurer l’esprit que Bartók avait mis dans son propre Concerto écrit pour Primrose. L’altiste s’appropria illico ces deux grands nocturnes beaux comme des abstractions lyriques qui encadrent un scherzo ironique et fusant, où s’insère une cadence douloureuse.

L’œuvre est magnifique de lyrisme, intense, mystérieuse, un des tous grands concertos pour alto des temps modernes encore marqué par l’esthétique avant-gardiste des années soixante, comme un fabuleux retour du futur vers le passé, Jitka Hosprová le chantant ample, profond, abrasant les cordes dans l’Allegro con spirito.

Hors de son temps, et même assez proche par l’esprit et les couleurs, des Fresques de Pierro della Francesca de Bohuslav Martinů, les Visions de Michelangelo d’Oldřich Flosman, grande coulée méditative d’un seul tenant, dévoilent une lyrique subtile, où le dialogue intime de l’orchestre et de l’alto crée une atmosphère méditative, que l’on retrouve portée à son acmé dans les moirures mystérieuse du Plankty de Sylvie Bodorová, Stabat Mater sans voix d’une bouleversante intimité.

LE DISQUE DU JOUR

Czech Viola Concertos

Jindřich Feld (1925-2007)
Concerto pour alto et orchestre (2004)
Oldřich Flosman (1925-1998)
Visions de Michelangelo, pour alto et orchestre (1976)*
Sylvie Bodorová (née en 1954)
Plankty (1982)

Jitka Hosprová, alto
Orchestre Symphonique de la Radio de Prague
Jan Kučera, direction
*Tomáš Brauner, direction

Un album du label Supraphon SU4276-2
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Photo à la une : © DR