Zaragossa, mars 2013, Claudio Abbado retrouve ses jeunes musiciens de l’Orchestra Mozart pour un disque demeuré inachevé : une Aria concertante de Mozart devait le compléter. Mozart, si souvent courtisé mais jamais vraiment conquis, sinon en trois occasions : de subtiles Nozze di Figaro à la Scala le 22 avril 1974, avec le Comte d’Hermann Prey, la Comtesse de Mirella Freni, couple inédit, et deux disques avec l’Orchestra Mozart : les 20e et 25e Concertos avec Martha Argerich et un album regroupant le Concerto pour flûte et harpe et la Sinfonia concertante pour vents où rayonnait déjà le hautbois de Lucas Macias Navarro.

Soliste du Concertgebouw, Navarro distille sa sonorité mélancolique dans ce concerto que Mozart écrivit pour Giuseppe Ferlendis, et dont on entend plus souvent la transcription pour flûte. Retour à l’original donc, qui permet de mieux savourer le caractère champêtre du rondo final. Abbado y caresse la musique, léger, allusif, modelant la danse. Partout une simplicité, une clarté, le bonheur d’une conversation et non d’un concerto. Cet idéal de l’orchestre chambriste infusé à la grande formation symphonique lucernoise se trouve à l’état natif dans l’Orchestra Mozart.

La Sinfonia concertante de Haydn – un compositeur dont l’esprit comme la lettre n’échappèrent jamais à Abbado – est uniment heureuse, souriante ; elle musarde, mêle avec un art d’équilibriste tendresse et humour. Toujours sur les pointes, la battue ouverte au ciel, on voit Claudio sourire.

Disque merveilleux d’une désarmante simplicité et qui dit à quelle liberté était parvenue le chef milanais au terme de ses dix années de rémission : il tutoyait enfin les anges.

LE DISQUE DU JOUR

MOZART
Concerto pour hautbois KV 314
HAYDN
Sinfonia concertante

Lucas Garcia Navarro, hautbois
Gregory Ahss, violon
Konstantin Pfiz, violoncelle
Guilhaume Santana, basson

Orchestra Mozart
Claudio Abbado, direction

Un CD Claves 50-1302
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Photo à la une : (c) DR