Jommelli avait choisi l’Allemagne, à Stuttgart il composa seize années durant ses chefs-d’œuvre lyriques innovant un nouveau chapître dans l’histoire de l’opera seria. Mais ses charges à la cour de Wurtemberg lui permirent aussi de s’adonner à cette musique sacrée qu’il emplissait d’italianismes, trop heureux d’écrire pour le culte catholique qui avait bercé son enfance napolitaine.
Le ton peu funèbre du Requiem pour le service funèbre de Marie-Auguste de Tour et Taxis, la mère de son patron le duc Charles-Eugène surprendra, l’œuvre abonde en beautés, elle flirte parfois avec le style galant et ose des effets de pur théâtre. La postérité s’empressa d’oublier ses nombreux opéras, mais sa Missa pro defunctis fut diffusée dans toute l’Europe et ne s’effaça pas devant le Requiem de Mozart. Il Gardellino en donne une lecture vive, emplissant l’œuvre des affects du texte, lui donnant toutes les somptuosités d’une musique typique de la contre-réforme.
Mais ce Requiem de pure forme s’efface pourtant devant la prière émue du Miserere en sol mineur, un texte qu’il aura mis en musique six fois. La beauté de celle-ci, qu’Il Gardellino donne avec les interpolations en chant grégorien des versets que Jommelli n’avait pas choisis de mettre en musique, est stupéfiante de nudité, de simplicité dolente : une de ses œuvres d’église les plus accomplies, l’une de ses plus singulières.
LE DISQUE DU JOUR
Niccolò Jommelli (1714-1774)
Missa pro Defunctis en mi bémol majeur, pour 4 voix, cordes et basse continue, HocJ A1.3
Libera me en ut mineur, pour 4 voix, cordes et basse continue, HocJ E.2
Miserere en sol mineur, pour 5 voix et basse continue, HocJ C1.23
Il Gardellino
Peter van Heyghen, direction
Un album du label Passacaille PAS1076
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Photo à la une : le chef d’orchestre Peter van Heyghen – Photo : © DR