Complete Philips Recordings ? Allez, prince en gourmandises, Cyrus Meher-Homji s’est quand même autorisé à ajouter quelques LPs Deutsche Grammophon où Paul van Kempen retrouvait en 1952 les Berliner Philharmoniker. Les neuf Danses hongroises de Brahms vous ont un de ces caractères !, explosives mais tenues, phrasées du quatuor, toutes en rythmes vifs. La fête continue avec une Ouverture pour une fête académique qui détruirait l’amphithéâtre le mieux construit : Paul van Kempen n’avait pas peur de la démesure.
Toujours dans ces mêmes sessions, écoutez l’orage de l’Ouverture de Guillaume Tell, l’électricité du galop qui rappelle le geste ravageur de Max von Schilling. Si Van Kempen n’avait pas péché par excès de sympathie envers l’envahisseur allemand, il aurait été, à armes égales avec Eduard van Beinum, le successeur de Wilhelm Mengelberg, mais sa mort prématurée le 8 décembre 1955, à l’âge d’or des chefs d’orchestre, la soixantaines à peine atteinte, aura mis un terme à une carrière brillante avant guerre, plus incertaine après.
Heureusement, le disque s’en mêla, et tôt, dès le 78 tours, d’Amsterdam à Milan en passant par Dresde et Berlin (il faut connaître sa 5e de Sibelius avec le Concertgebouw), et passé la guerre, Philips et Deutsche Grammophon lui réservèrent de trop rares sessions ici rassemblées, hors les gravures concertantes.
Les gravures avec ce qui aurait dû être son orchestre, le Concertgebouw, sont restées justement célèbres, Tchaikovski foudroyants et comme venus d’un autre temps, mais à Berlin, un ensemble Beethoven montre un style autrement pur, une ardeur qui emporte d’un même élan l’Eroica et la Septième, et fait entrer dans la Huitième déjà les cosmos de cette Neuvième qui nous manquera toujours. Rareté (aujourd’hui, mais pas pour lui, moins encore pour son temps), de somptueuses Variations sur un thème de Hiller de Reger montrent avec quelle éloquence il savait emporter les Berlinois.
Le coffret ajoute de sacrés raretés comme ces pages éparses d’opéras où Gré Brouwenstijn paraît : « Ozean: Du Ungeheuer! », le Miserere d’Il trovatore, « Voi lo sapete, o mama », « Vissi d’arte », et même une sublime Barcarolle des Contes d’Hoffmann, et des ouvertures (Forza, Oberon, Cavalleria), les Préludes de Lohengrin, un fourre-tout pour aviver les regrets où parait, improbable mais génial, cet Isaïe le Prophète dont Alexandre Tansman surveilla, incrédule, l’enregistrement.
Les sessions parisiennes avec Lamoureux montent deux Tchaikovski surprenants (Sérénade et Mozartiana), mais c’est à Milan, l’autre pôle avec Amsterdam et Berlin, que tout se sera trop tôt achevé, un peu de Wagner avec La Scala en 1947 (l’Ouverture du Vaisseau fantôme, cravachée puis orante lorsque le thème de Senta paraît, De Sabata était dans la salle) ne semblait pas annoncer à Rome, avec la Santa Cecilia, ce Requiem de Verdi imparfait mais étreignant où le mezzo furioso de Mária von Ilosvay emporte tout, où Gre Brouwenstijn, venue par quasi amour, se brûle au Libera me, ultime session d’un géant de son temps qu’Eloquence honore avec ce coffret parfait, indispensable.
LE DISQUE DU JOUR
Paul van Kempen
Complete Philips Recordings
CD 1
Carl Maria von Weber (1786–1826)
Oberon, J. 306 – Ouverture
Giuseppe Verdi (1813–1901)
La Forza del destino – Ouverture
Pietro Mascagni (1863–1945)
Cavalleria Rusticana (extrait : Intermezzo sinfonico)
Richard Wagner (1813–1883)
Lohengrin – Prélude à l’Acte I
Lohengrin – Prélude de l’Acte III
Choeur de la Marche pour l’entrée de la marié, « Treulich geführt » (Acte III)
Alexandre Tansman (1897–1986)
Isaïe, le Prophète
Cornelis Kalkman
Netherlands Opera Chorus
Netherlands Radio Philharmonic Orchestra
CD 2
Arias & Choruses
Jacques Offenbach (1819-1880)
Les Contes d’Hoffmann (2 extraits : Belle nuit, ô nuit d’amour+° ; Les oiseaux dans la charmille* ; Scintille, diamant miroir**)
Charles Gounod (1818-1893)
Faust, CG 4 (extrait : Avant de quitter ces lieux**)
Giacomo Meyerbeer (1791-1864)
Dinorah, ou Le pardon de Ploërmel (extrait : Ombre légère*)
Carl Maria von Weber (1786-1826)
Oberon, J. 306 (extrait : Ozean! Du Ungeheuer!+)
Franz von Suppé (1819-1895)
Die schöne Galathee (extrait : Ja, Wenn die Musik nicht wär!*)
Johann Strauss II (1825-1899)
Die Fledermaus (extrait : Mein Herr Marquis*)
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Aida (extrait : Gloria all’Egitto)
Nabucco (2 extraits : Gli arredi festivi ; Va, pensiero)
Rigoletto (2 extraits : Ah! Solo per me l’infamia … Piangi fanciulla* ** ; La donna è mobile#)
Il trovatore (extrait : Misere d’un alma quel suon, quel prezzi+#)
Pietro Mascagni (1863-1945)
Cavalleria Rusticana (extrait : Voi lo sapete, o mama+)
Ruggero Leoncavallo (1857-1919)
Pagliacci (extrait : Vesti la giubba# ; Intermezzo sinfonico)
Ruggero Leoncavallo (1857-1919)
Tosca (extrait : Recondita armonia# ; Vissi d’arte, vissi d’amore+)
+Gré Brouwenstijn, soprano
*Erna Spoorenberg, soprano
°Lidy van der Veen, mezzo-soprano
#Frans Vroons, ténor
**Theo Baylé, baryton
Choeur de l’Opéra des Pay-Bas
Orchestre Philharmonique de la Radio des Pays-Bas
CDs 3, 4
Ruggero Leoncavallo (1857–1919)
Pagliacci – Intermezzo de l’Acte I
Netherlands Radio Philharmonic Orchestra
Piotr Ilitch Tchaikovsky (1840–1893)
Symphonie No. 6 en si mineur, Op. 74, TH 30 « Pathétique »
Symphonie No. 5 en mi mineur, Op. 64, TH 29
Roméo et Juliette – Ouverture-fantaisie, TH 42
Marche slave, Op. 31, TH 45
Capriccio italien en la majeur, Op. 45, TH 47
Ouverture solennelle en mi bémol majeur « 1812 », Op. 49, TH 49
Franz Schubert (1797–1828)
Marche militaire No. 1, D. 733 (orchestration : Ernest Guiraud)
Johann Strauss père (1804–1849)
Radetzky March, Op. 228
Concertgebouw Orchestra
CDs 5, 6, 7
Ludwig van Beethoven (1770–1827)
Die Weihe des Hauses – Ouverture, Op. 124
Symphonie No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55 « Eroica »
Symphonie No. 8 en fa majeur, Op. 93
Symphonie No. 7 en la majeur, Op. 92
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809–1847)
Les Hébrides ou la Grotte de Fingal – Ouverture, Op. 26
Gioacchino Rossini (1792–1868)
Guillaume Tell – Ouverture
Johannes Brahms (1833–1897)
Ouverture pour une fête académique, Op. 80
Danses hongroises, WoO 1 (extraits : Nos. 1, 3, 5, 6, 17-21; Orch. Brahms [1, 3], Parlow [5, 6], Dvořák [17-21])
Hector Berlioz (1803–1869)
Benvenuto Cellini – Ouverture
Max Reger (1873–1916)
Variations et Fugue sur un theme de Hiller, Op. 100
Berliner Philharmoniker
CDs 8, 9
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809–1847)
Une songe d’une nuit d’été – Ouverture, Op. 21
Gioacchino Rossini (1792–1868)
Guillaume Tell – Ouverture
Le barbier de Séville – Sinfonia
Gaetano Donizetti (1797-1848)
La Fille du régiment – Ouverture
Piotr Ilitch Tchaikovsky (1840–1893)
Sérénade pour cordes en ut majeur, Op. 48, TH 48
Suite pour orchestre No. 4 en sol majeur, Op. 61, TH 34 « Mozartiana »
Orchestre des Concerts Lamoureux
CDs 9, 10
Giuseppe Verdi (1813–1901)
Missa de Requiem
Gré Brouwenstijn, soprano – Mária von Ilosvay, contralto – Petre Munteanu, ténor – Oskar Czerwenka, basse – Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia di Roma
Richard Wagner (1813–1883)
Tannhäuser, WWV 70 – Ouverture
Der fliegende Holländer, WWV 63 – Ouverture
Orchestra del Teatro alla Scala
Un coffret de 10 CD du label Decca 4840237 (Collection Eloquence Australia)
Acheter l’album sur le site de la collection Eloquence Australia, sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Photo à la une : la cover d’un des LP Beethoven / Philips – Photo : © DR