Elle aura fait des deux premiers Concertos de Beethoven des compagnons de longue date y revenant plusieurs fois au disque, mais on me permettra de trouver que ces derniers temps, elle est parvenue à un naturel, une liberté où son piano devient un personnage.
Les tendresses, les éclats brillants, les phrasés perdus de poésie n’oublient jamais la ligne parfaite, le sens encore classique, les équilibres mozartiens qui font tout le sel du Concerto en si bémol. Elle ajoute une lumière rasante des timbres qui se dissolvent à la toute fin de l’Adagio dans un quasi glas harmonica, piano transmué en onde.
Martha Argerich va aujourd’hui aussi loin dans cet opus favori grâce à la complicité heureuse qu’elle entretient avec Seiji Ozawa. Il ne l’accompagne pas, il chante avec elle, et lui envole le Rondo sur les pointes, comme chez Mozart et puis soudain ce clavier d’une fantaisie folle qui caracole et prendra aussi le temps de rêver.
Un mouvement de Divertimento de Mozart, mais surtout une Suite Holberg amoureusement calligraphiée s’ajoutent à ce petit bijou.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 2 en si bémol majeur, Op. 19
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Divertimento en ré majeur,
K. 136 (extrait : I. Allegro)
Edvard Grieg (1843-1907)
Holberg Suite, Op. 40
Martha Argerich, piano
Mito Chamber Orchestra
Seiji Ozawa, direction
Un album du label Decca 4850592
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Photo à la une : le chef Seiji Ozawa et la pianiste Martha Argerich – © Decca