Vittorio Negri en savait les beautés, et l’enregistra pour Philips, ayant trouvé sa Judith, Birgit Finnilä, mais il retenait la verve dramatique de l’ouvrage dans le carcan de l’oratorio, ce à quoi en restèrent ses successeurs alors qu’à la RAI, Mario Rossi s’y montrait dès les années cinquante bien plus enflammé, ayant Schwarzkopf dans ses chanteurs.
Enfin, Christophe Rousset rend à cette Betulie libérée son théâtre, celui qu’un Mozart gamin voulait à toute fin, d’ailleurs à Padoue comme dans toute l’Italie, les oratorios n’était rien d’autre que des opéras sur des sujets bibliques écrits pour le temps du Carême.
Les deux « actes » fusent d’ardeur et de virtuosité, même la discussion théologique sur le Dieu unique entre Achior et Ozia n’en apaise pas la tension.
Magnifique, Teresa Iervolino, le Rinaldo du moment, fait oublier que Judith n’est pas le personnage principal de cette parabole sur la conversion : son grand air lorsqu’elle s’apprête à partir, parée de ses bijoux, au camp d’Holopherne, son retour devant les portes de la ville une fois la décollation accomplie, sacrent une chanteuse de première grandeur qu’entourent une distribution exemplaire, de l’Amital virtuose de Sandrine Piau à l’Achior de Nahuel Di Pierro, mais il faut saluer d’abord l’Ozia de Pablo Bemsch, ténor assuré, vocaliste brillant, dont l’air de révolte stupéfie.
Chœur et orchestre ardents, décidément Christophe Rousset est dans les secrets du jeune Mozart.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
La Betulia liberata, K. 118/74c
Sandrine Piau, soprano (Amital)
Amanda Forsythe, soprano (Cabri, Carmi)
Teresa Iervolino, mezzo-soprano (Giuditta)
Pablo Bemsch, ténor (Ozia)
Nahuel Di Pierro, ténor (Achior)
Accentus
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction
Un album de 2 CD du label Aparté AP235
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Photo à la une : le claveciniste et chef d’orchestre Christophe Rousset – Photo : © DR