Pas de paysages plus contrastés que ceux offerts par Mendelssohn d’une symphonie à l’autre. Longtemps l’Ecossaise vif argent, somptueusement cinématographique de Doráti à Londres, couplée logiquement à ses Hébrides spectaculaires05, furent complétée par une Italienne ardente gravée à Minneapolis par Stanislas Skrowacewski. Elle remplaçait, stéréophonie oblige, celle qu’Antal Doráti avait enregistrée avec la même phalange en monophonie, jamais rééditée en CD.
La revoici enfin, précis insensé d’attaques, d’accents, de verve, de rythmes, qui culmine dans un saltarello aussi élancé que celui de Cantelli. Même si Skrowacewski ne démérite pas, comment ne pas entendre que son enregistrement n’est en fait que le décalque de l’original de Doráti ?
Cyrus Meher-Homji ajoute les extraits viennois du Songe, moins rares (Philippe Pauly les avait réédités dans sa série bleue « La collection classique » pour Universal France), où Doráti fouette et allège les Symphoniker, merveille pleine d’elfes et de fanfares, mais aussi le Concerto que ne dépare pas l’archet solaire d’Henryk Szeryng, si accordé au geste du chef hongrois.
À la fin de l’album une vraie surprise : la 4e de Schumann avec ses chers Londoniens, torrentielle, ardente, mordant les rythmes, dessinant toute une poésie d’orchestre, soulevant littéralement les pupitres et là encore, cet art de l’attaque qui s’est tellement affadi chez nos orchestres d’aujourd’hui.
Comment cette 4e a-t-elle pu demeurer si oubliée depuis son édition princeps où elle était couplée avec une 40e de Mozart qu’on retrouve dans le beau coffret Haydn et Mozart assemblé par Cyrus Meher-Homji ? Mystère.
Ensemble enivrant, qui rappelle que le legs monophonique d’Antal Doráti, où les merveilles abondent, attend une édition exhaustive. Qui d’autre qu’Eloquence pourrait nous l’offrir ?
LE DISQUE DU JOUR
Felix Mendelssohn-Bartholdy
(1809-1847)
Symphonie No. 4 en la majeur, Op. 90, MWV N 16, « Italienne »
Minneapolis Symphony Orchestra (1953, Mercury)
Concerto pour violon et orchestre No. 2 en mi mineur, Op. 64, MWV O 14
Henryk Szeryng, violon – London Symphony Orchestra (1968, Mercury)
Le songe d’une nuit d’été, Op. 21/61
(extraits : Ouverture, I. Scherzo, VII. Notturno, IX. Marche nuptiale)
Wiener Symphoniker (1988, Fontana)
Les Hébrides ou la Grotte de Fingal, Op. 26
Symphonie No. 3 en la mineur, Op. 56 « Ecossaise »
London Symphony Orchestra (1960, Mercury)
Robert Schumann (1810-1856)
Symphonie No. 4 en ré mineur, Op. 120
London Symphony Orchestra (1969, Mercury)
Antal Doráti, direction
Un album de 2 CD du label Decca 4840506 (Collection Eloquence Australia)
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Photo à la une : le chef d’orchestre Antal Doráti – Photo : © DR