Périlleux. Après un album Bach rayonnant et un panorama Tchaikovski où son archet dévorait le Concerto avec une élégance qui rappelait Nathan Milstein, voici que Daniel Lozakovich ose le concerto de violon absolu, celui qui fonda le genre moderne.
Test, le Larghetto. L’archet doit y peser à peine, et chanter pourtant à tue-tête même dans le pianissimo, Josef Wolfsthal aura posé le modèle une fois pour toutes au temps de la gravure électrique. Daniel Lozakovich le voudrait et le fera dans le chant sur les pizzicatos, mais comment pourrait-il se débrouiller de l’orchestre gras, au phrasé rengorgé, qui l’introduit dans cette page hors du temps ?
Ailleurs, Valery Gergiev donne le change, brusquant ça et là sans réels effets un orchestre qui connaît son œuvre et n’entend pas céder à l’improvisation ; dans ces incertitudes, le jeune homme joue humblement, avec une musicalité exemplaire, et même souvent une âme, mais comment son partenaire peut-il le diriger sans le regarder, pire, l’entendre ?
Allez, Daniel Lozakovich nous refera son Beethoven dans quelques années, avec un partenaire digne de lui, et vous vous consolerez après ce Finale où l’orchestre chausse des bottes avec l’Adagio de la Première Sonate pour violon de Bach où de son archet s’envole un rossignol mélancolique.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 61
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Sonate pour violon seul No. 1 en sol mineur, BWV 1001 (extrait : I. Adagio)
Daniel Lozakovich, violon
Münchner Philharmoniker
Valery Gergiev, direction
Un album du label Deutsche Grammophon 4838946
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Photo à la une : le violoniste Daniel Lozakovich – Photo : © DR