Des années durant, il fut le kavalierbaryton du Staatsoper, enfant chéri du public munichois qui aimait son physique avantageux autant que sa voix parfaite. Et Wolfgang Brendel y chanta tout, des bouffos de Rossini à Wagner, de Mozart à Verdi, dessinant à chaque fois des personnages que l’on n’oubliait pas, et les chantant avec ce grand style aujourd’hui quasiment perdu sinon chez Ludovic Tézier.
Il avait pourtant à Munich de sérieux rivaux, et sous le magister de Wolfgang Sawallisch, rien moins que Dietrich Fischer-Dieskau lui-même, mais j’ai encore le souvenir des Mandryka de l’un puis de l’autre, sans avoir jamais pu les départager.
La voix était d’une égalité et d’une beauté certaines, portait loin car placée juste, et aucune surcharge n’embarrassait son chant qui restait toujours fluide et élégant, même lorsque la colère de son Comte des Nozze éclatait (on peut l’entendre ici, et en savourer le style), jusque dans la petite vocalise tenue dans le tempo. Son Don Giovanni plus séducteur que dangereux était magique d’abord par les charmes du timbre, et son italien solaire tendait les lignes pures, intenses, des Verdi – quel Luna, quel Renato, et plus surprenant, son Falstaff dont le monologue au bord de la Tamise évite le théâtre pour mieux montrer le personnage.
Hélas, Wolfgang Brendel fut toujours indifférent au disque, tout dévoué à la scène, et Orfeo lui aura offert, enregistré expressément pour être vendu au public du Staatsoper, le seul récital qu’il grava. Commencez par écouter son « Scintille, diamant », et vous comprendrez…
LE DISQUE DU JOUR
Airs d’opéras de Rossini (Il Barbiere di Siviglia), Mozart (Le nozze di Figaro, Don Giovanni), Offenbach (Les Contes d’Hoffmann), Gounod (Faust), Wagner (Tannhäuser), Verdi (La forza del destino, Un ballo in maschera, Falstaff, Il Trovatore)
Wolfgang Brendel, baryton
Münchner Rundfunkorchester
Heinz Wallberg, direction
Un album du label Orfeo C177021A
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Photo à la une : le baryton Wolfgang Brendel – Photo : © DR