Mariss Jansons chez Mozart, qui l’imagine ? Jusque là au disque l’accompagnent de Julius Rachlin dans le Concerto K. 216 et basta. Mais le 14 septembre 2011, Mariss Jansons poursuivait son voyage entrepris entre les ombres de plusieurs Requiem. Après celui de Verdi à Salzbourg en avril 2010, avant celui de Britten à Munich en mars 2013 (1), c’est avec son Concertgebouw que le chef letton abordait celui de Mozart.
Lecture apaisée, du côté des anges : on ne craindra pas le Dies Irae, il fulgure mais n’arase point. Version évidemment classique, on ne s’y soucie pas de Beyer ou même de reconstruire le concert original de la création comme l’a tenté non sans succès le Dunedin Consort (2). Non, la proposition de Süssmayr et seulement elle. Jansons y délivre un geste serein, apaisé, que les cordes en soie du Concertgebouw caressent, que la profondeur des pupitres de cuivres et de bois ombrent avec une sorte de majesté détachée.
Et on louerait cette version sans réserve s’il n’y avait ce déséquilibre des sexes dans le quatuor. Malgré tout son art, Gerard Finley ne peut nous faire croire qu’il est la basse du Tuba mirum, et Mark Padmore, en voix de bois, sans rayonnement, sans contrition, ignore ce qu’est le chant mozartien.
Mais les dames vous tireront des larmes, Genia Kühmeier repentante et blessée, Bernarda Fink surtout, ardente, tourmentée. Cette voix sait ce que chanter la certitude du divin signifie. Concert parfois inabouti, éloquent toujours.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart
Requiem
Genia Kühmeier, soprano
Bernarda Fink, mezzo-soprano
Mark Padmore, ténor
Gerald Finley, basse
Chœur de la Radio néerlandaise
Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam
Mariss Jansons, direction
Un CD RCO Live RCD14002
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(1) Cet enregistrement réalisé en concert a été publié chez BR Klassik, un album de 2CD BR900120
(2) John Butt et son Dunedin Consort ont enregistré la reconstitution du concert de la création le 2 janvier 1793 du Requiem de Mozart et y ont adjoint les musiques jouées aux propres funérailles de Mozart le 10 décembre 1791, un CD Linn Records CKD 449
Photo à la une : (c) Marco Borggreve