L’année Beethoven vient de s’achever, Adam Golka commence son intégrale des sonates. Contretemps ? Conscience plutôt que l’œuvre beethovénienne n’a cure des contingences. Dès le Grave de la « Pathétique » où les accords creusent le son, je sais qu’un Beethovénien se dévoile ici : la profondeur du geste, le sens du portique où déjà semblent paraître ceux des ultimes sonates donnent le ton : ce Beethoven empoigné ira à l’essentiel. La fièvre qui emporte dans un tempo très rapide l’Allegro di molto allège soudain le clavier, mais le retour des accords, leurs espacements savamment entendus, lui redonnera son ton impérieux. Grand nocturne pour l’Adagio, tenu, ourlé, et qui chantera dans l’ombre avec un sens magnifique de l’espressivo. Pris comme sur des ailes, le Rondo a quelque chose de Schubertien.

Et l’Opus 10 ? Adam Golka les joue avec un brio certain, fougueux, très libre, après tout Beethoven y ose des fantaisies, des foucades, des échappées que le pianiste saisit avec un sens de l’improvisation, des versatilités d’humeur qui ne font jamais oublier la simple beauté de son toucher, l’évidence du discours. À ce jeu, la grande Sonate en ré majeur déploie sa symphonie, Golka jouant large, faisant exploser les registres, mais sans oublier toujours et la clarté des structures et cette fantaisie qui sait aller jusqu’à l’étrange. Remarquable premier volume d’une série que je suivrai pas à pas.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonates pour piano, Vol. 1
Sonate No. 8 en ut mineur, Op. 13 “Pathétique”
Sonate No. 5 en ut min, Op. 10 No. 1
Sonate No. 6 en fa maj, Op. 10 No. 2
Sonate No. 7 en ré maj, Op. 10 No. 3

Adam Golka, piano

Un album du label First Hand Records FHR101
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Photo à la une : le pianiste Adam Golka – Photo : © Jürgen Frank