On l’enregistre trop peu, à part qu’il est du recueil de six Motets qui auront suscité ces dernières années des lectures radicalement opposées.
Simple prière pour la rémission des péchés et l’entrée au Paradis, le Motet BWV 118 est un pur chef-d’œuvre, John Eliot Gardiner le savait bien, qui aura eu soin de l’enregistrer sur l’un de ses premiers disques consacré au Cantor, Herreweghe le donne à entendre dans sa deuxième mouture, adieux cornet et trombones, les cordes font la prière du chœur en apesanteur, hautbois et bassons chantent leur sereine mélancolie, voilà bien l’exacte poésie que le chef a toujours cherchée en Bach, et qui fait ici une respiration entre deux cantates.
Tout d’abord, la BWV 45, exhortation du Christ à ses disciples pour qu’ils se gardent des faux prophètes, Herreweghe y est aussi sensible aux paroles ardentes qu’au paysage sonore où s’évoque le Sermon sur la montagne. Thomas Hobbs est magnifique dans les mystères de l’air pour ténor.
Vient plus tard la grande ode funèbre pour l’Electrice de Saxe, ici dépouillée de sa pompe, vaste consolation si émouvante qui rappelle à quel degré de compréhension intime de la lyrique de Bach est parvenu Herreweghe.
Cette nouvelle série patiemment construite entre Passions, Motets et Cantates, rayonne dans une prise de son au naturel admirable, mettant les œuvres en pleine lumière.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Es ist dir gesagt, Mensch, was gut ist – Cantate BWV 45
O Jesu Christ, mein’s Lebens Licht – Motet BWV 118
Lass, Fürstin, lass noch einen Strahl – Trauerode BWV 198
Dorothea Mields, soprano
Alex Potter, contre-ténor
Thomas Hobbs, ténor
Peter Kooij, contre-ténor
Collegium Vocale Gent
Philippe Herreweghe, direction
Un album du label Phi LPH035
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Photo à la une : © Bob Verschueren/Phi