Danny Driver le sait bien, qui les joue en poète, les Etudes que Ligeti nota au long des décennies 1980-1990 ne sont pas des études, mais sous l’apparence de caprices, des incursions dans les ailleurs du piano.
Ailleurs géographiques, Galamb borong qui ouvre le Deuxième Livre vous transporte incontinent aux Iles de la Sonde, mais aussi dans d’autre univers que ceux que l’on imagine sourdre de la grande caisse noire. Ligeti s’entend pour faire sonner l’instrument différemment et sans pour autant le « préparer » comme le faisait John Cage.
Mais attention, rien jamais ici ne veut retrouver le souci ethno-musicologique avoué par Bartók, dont l’approche du clavier reste pourtant un des modèles durant les trois Livres. Ainsi la pièce d’inspiration balinaise ressort-elle d’un folklore imaginaire appariée à l’ombre tutélaire de Debussy qui marque tout le Deuxième Livre.
Danny Driver se garde d’assécher les Etudes, comme firent trop de pianistes les prenant pour des manifestes de la modernité, il les joue dans toute leur complexité, et dans un son de grand piano où l’emploi savant de la pédale, la variété des attaques, l’art des nuances, donnent de la chair à ces musiques, avivent leur couleur, montrent en lumière la diversité de leurs psychés, relecture éclairante d’un ensemble où Ligeti aura résumé l’histoire du piano au XXe siècle.
LE DISQUE DU JOUR
György Ligeti (1923-2006)
Etudes, Livres I, II et III
Danny Driver, piano
Un album du label Hypérion CDA68286
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Photo à la une : le pianiste Danny Driver – Photo : © DR