La Grande Sonate de Tchaikovski est une embûche pour bien des pianistes qui préfèrent contourner l’obstacle : sa forme sévère, son ton hautain, et le grand jeu qu’elle exige ont pourtant trouvé quelques apôtres, Richter, Virsaladze, Postnikova, Gilels qui s’y est essayé parfois avec moins de bonheur, le grand geste qu’y déploie Vadim Kholodenko sans jamais forcer le trait me rappelle le lyrisme altier qu’y osait Konstantin Igumnov.
Sous ses doigts impérieux et malgré une prise de son peu engageante, la Sonate fait oublier sa rhétorique et chante. Autrement difficile, il trouve le ton souvent schubertien de la Sonate opus posthume dont l’Andante sous ses doigts, avec ses ponctuations étranges, prend une poésie de Leiermann. Quelle œuvre étrange, dont il offre la lecture la plus convaincante que je connaisse.
Deux bis amoureusement détaillés laissent entrevoir quelle version des Saisons ou d’autres opus parmi les nombreux cahiers du piano de Tchaikovski il pourrait nous offrir.
LE DISQUE DU JOUR
Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Grande Sonate pour piano en sol majeur, Op. 37
Sonate pour piano en ut dièse mineur, Op. 80
Les Saisons, Op. 37a (extrait : XI. Novembre. Allegro moderato)
Romance, Op. 51 No. 5 (Andante cantabile)
Vadim Kholodenko, piano
Un album du label harmonia mundi HMM902656
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Photo à la une : le pianiste Vadim Kholodenko – Photo : © Jean-Baptiste Millot