Seul, avec son Christoph Kern d’après Walter si profond de timbre, Alexander Melnikov ouvre la Sonate en sol majeur. Romantique, et déjà si lyrique avant même que le violon ne vienne reprendre sa phrase.
L’un des atouts majeurs de cette nouvelle intégrale, en dehors d’une exactitude stylistique qui n’estompe jamais l’affect, est bien de remettre le duo dans le bon ordre : sonates pour le pianoforte et le violon (comme durant l’époque baroque, on spécifiait « sonate pour clavecin avec accompagnement de violon », Mozart aura appris cet équilibre de son violoniste de père et n’y faillira jamais). Clara Haskil le savait pertinemment lorsqu’elle accepta d’enregistrer les plus belles d’entre elles, avant qu’Arthur Grumiaux ne lui vole la primauté en l’éloignant des micros au profit de son violon.
Ici, l’équilibre est respecté par la prise de son réaliste de René Möller, Isabelle Faust jouant non pas sur le pianoforte mais dans celui-ci, leurs harmoniques se mariant dans un espressivo qui varie les caractères comme les dynamiques, transformant les quatre sonates en de petits opéras.
Le giocoso de la Sonate en mi bémol majeur est irrésistible. Le grand geste de la Sonate en si bémol majeur permet aux timbres profonds du Stradivarius de faire chanter jusqu’aux éléments de récitatif du Largo ; chaque opus a ses caractères mais l’émotion qui vous saisira à l’écoute de l’Adagio de la Sonate en sol majeur, qui ouvre le disque, vous y fera revenir plus qu’à d’autres plages.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate pour violon et clavier en sol majeur, K. 379
Sonate pour violon et clavier en fa majeur, K. 377
Sonate pour violon et clavier en mi bémol majeur, K. 302
Sonate pour violon et clavier en si bémol majeur, K. 454
Isabelle Faust, violon
Alexander Melnikov, pianoforte
Un album du label harmonia mundi HMM902362
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Photo à la une : le claviériste Alexander Melnikov – Photo : © Julien Mignot