Peu à peu, le Concerto pour violoncelle (Op. 58) s’impose face à la Symphonie concertante (Op. 125) que Prokofiev en tira des années plus tard.
János Starker lui marqua toujours une préférence alors même que Mstislav Rostropovitch championnait la Symphonie. Mais le Concerto, enfant terrible des années trente, où Prokofiev osait encore cet orchestre moderniste qui fait ricaner une marche sinistre au centre de l’Allegro giusto, connut un autre héros, qui n’eut pas la chance de l’enregistrer en studio : Rohan de Saram, dont Gaspar Cassadó et Pablo Casals avaient guidé les premiers pas. Il faut entendre comment son archet parle, animant le vaste poème sombre de ce Concerto monde encore si peu goûté.
Merveille, le son immense de sa grande caisse se love ou tonne dans l’orchestre prodigieux de rythmes et de timbres que lui règle Anatole Fistoulari, ballets de sonorités fantasques, quelle version !, qui je crois bien supplante toutes celles que je connais, captée dans une stéréophonie au réalisme saisissant.
Enregistré également au début des années 1970, la Sonate et la Ballade sont tout aussi puissamment emportées par cet archet lyrique avec le concours du piano-orchestre de Druvi de Saram, ensemble cohérent et indispensable à toute discothèque Prokofiev.
LE DISQUE DU JOUR
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur, Op. 58
Ballade pour violoncelle et piano en ut mineur, Op. 15
Sonate pour violoncelle et piano en ut majeur, Op. 119
Rohan de Saram, violoncelle
Druvi de Saram, piano
Orchestre Philharmonique de la Radio Néerlandaise
Anatole Fistoulari, direction
Un album du label First Hand Records FHHR118
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Photo à la une : le violoncelliste Rohan de Saram, à gauche – Photo : © DR