La couleur noire, le grain serré, la ligne immobile, le souffle immense : George Gagnidze est le baryton Verdi majeur de sa génération, trop peu connu chez nous qui n’avons d’yeux et d’oreilles que pour Ludovic Tézier.
Le timbre si singulier rappelle celui des grands barytons caucasiens : dès que j’écoute cette voix me reviennent en mémoire celles de Pavel Lisitsian et de David Gamrekeli. D’ailleurs, c’est Verdi qui est le centre de cet album qui se veut un portrait – j’admire le grand qu’il met à son Tonio, à son Gérard, mais enfin une telle voix est destinée à mieux – et aurait dû se concentrer plutôt sur le seul auteur de Falstaff.
Admirable « Il balen del suo sorriso », de ligne, de densité expressive, et plus encore la mort de Posa, aux teintes de crépuscule, vrai chant d’une âme qui s’éteint. Tous les personnages paraissent, Macbeth, Germont, Nabucco, le Comte de Luna et Renato, c’est qu’il les aura éprouvés à la scène !
Une incursion chez Wagner pour une Romance à l’étoile admirablement détaillée – quelle diction, quelle ampleur – et pris à Mozart un Air du Champagne mordant en guise de bis, disent qu’il peut aussi être chez lui hors de Verdi, mais moins indispensable. Accompagnement modeste, attentionné, de la Staatskapelle Weimar dirigé avec style par Stefan Solyom.
LE DISQUE DU JOUR
Airs de Ruggero Leoncavallo (Pagliacci), Umberto Giordano (Andrea Chénier), Giuseppe Verdi (La Traviata, Macbeth, Nabucco, Il trovatore, Un ballo in Maschera, Don Carlo), Richard Wagner (Tannhäuser) et Wolfgang Amadeus Mozart (Don Giovanni)
George Gagnidze, baryton
Staatskapelle Weimar
Stefan Solyom, direction
Un album du label Orfeo C210221
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Photo à la une : le baryton George Gagnidze, sur scène, dans Rigoletto de Verdi – Photo : © Michael Mayer