Le discret

Le corpus est modeste du moins par le volume, quelques airs, un recueil de pièces d’orgue, et un Livre de Pièces de clavecin dédié à l’épouse de Louis XV, Maria Leszczynzka : François d’Agincour aura jusque voici peu reposé dans un oubli relatif, n’étant plus qu’un nom chez les organistes. Hervé Niquet l’aura réveillé un peu hardiment dans un album qui grossissait le trait (Glossa) ; plus musicienne, Rebecca Pechefsky en grava l’intégrale, retrouvant par instants l’élégance que mettait dans son « Hommage à Couperin » Davitt Moroney pour La Couperin et Le Presque-rien (harmonia mundi). Mais qui enregistrera les pièces d’orgue à partir des manuscrits ?

C’est pourtant un organiste qui offre enfin une version juste des deux premiers Ordres de son unique Livre de Pièces de clavecin. Musique splendide, gardant toujours une tempérance alors même que la littérature de son temps sacrifiait plus aux purs charmes. Même si ceux-ci ne sont pas absents, même s’ils seront autrement démonstratifs dans les recueils de son élève Duphly, D’Agincour ne peut s’empêcher une noblesse, des carrures, une élégance châtiée qui semblent évoquer le style plus sévère du Grand Siècle.

Musique admirable, qu’il faudra comparer à celle de François Couperin – les deux hommes partageaient l’orgue de la Chapelle Royale du Château de Versailles – pour prendre la mesure du beau talent de ce compositeur dévoilé avec art par Stéphane Béchy. Il nous promet les deux autres Ordres, y adjoindra-t-il quelques pièces d’orgue ?

LE DISQUE DU JOUR

François d’Agincour
(1684-1758)
Premier Livre de pièces de clavecin (1733), Vol. 1
Premier et Second ordres

Stéphane Béchy, clavecin

Un album du label BY Classique BY003
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Photo à la une : le claveciniste Stéphane Béchy – Photo : © DR