Avril 1980, Kurt Sanderling fait tonner la tempête qui ouvre le Premier Concerto : un maelström nordique risquerait d’emporter le soliste, mais Martino Tirimo impose son tempo et son chant, grand piano admirablement timbré.
Ce sera lui le maître d’œuvre, répondant aux impérieuses relances de son chef en haussant le ton, ardant le discours. Tout au long du premier mouvement, ce combat promet de nous offrir l’un des plus beaux enregistrements du Premier de Brahms, dans une veine sombre qui n’est pas sans rappeler le tandem Brendel/Schmidt-Isserstedt (Philips, 1973).
L’Adagio ne traine pas, et comme Tirimo y déploie de fascinants sfumatos ! Finale mené grand train, athlétique. Voilà bien une version trop oubliée, restée dans la marge d’une discographie abondante, tout comme celle du Deuxième Concerto, plus attendu par son sobre lyrisme, son ton de pastorale ombreuse, où le pianiste retrouve sa veine naturellement poétique, secondé par la battue attentive de Yoel Levi.
Cette gravure a fait les beaux jours des mélomanes anglais sous étiquette Classics for Pleasure, mais vous irez d’abord à la stupéfiante rhapsodie septentrionale du Premier Concerto.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms
(1833-1897)
Concerto pour piano et
orchestre No. 1 en ré mineur,
Op. 15
Concerto pour piano et
orchestre No. 2 en si bémol
majeur, Op. 83
Martino Tirimo, piano
London Philharmonic Orchestra
Kurt Sanderling, direction
Yoel Levi, direction
Enregistrements publiés originellement chez EMI/Classics for Pleasure, réalisés en août 1974 (Op. 83) et avril 1980 (Op. 15)
Un album de 2 CD du label Alto ALC1610
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Photo à la une : le pianiste chypriote Martino Tirimo et la pianiste japonaise Atsuko Kawakami, à Chichester – Photo : © Chichester Music Society