Le vaste geste roide dont Lalande para ses Motets enthousiasma Louis XIV, qui crut bien avoir trouvé un nouveau Lully pour sa chapelle. Les trois motets réunis ici par Sébastien Daucé illustrent ses premières années versaillaises.
Il faut entendre le Miserere, sa grande pompe qui prolongeait les réflexions piétistes des Leçons de ténèbres par quoi se refermait le carême. Pénitence intense, harmonies glaciales, forme immense où le chœur semble ouvrir d’un même geste le tombeau et le ciel, tombeau dont essaye de nous consoler les harmonies résignées du Dies irae, qui conduiront au tombeau la Dauphine Marie-Anne de Bavière.
Les sombres harmonies de ce chef-d’œuvre accompagneront nombre de funérailles des membres de la famille royale, requiem versaillais que Sébastien Daucé et ses amis débarrassent de toute roideur, rendant au verbe ses propriétés rédemptrices, admirable lecture qui me semble renouveler le sujet.
Clore un disque de méditation sur la mort par l’éclaircie du tendre Veni creator, où le génie de Delalande offre un visage plus apaisé, c’est ouvrir de nouvelles perspectives. Comme pour tous ses motets, Delalande le reprit moult fois, amplifiant l’espace harmonique de l’orchestre, magnifiant les couleurs. Sébastien Daucé a pris soin de comparer les différentes versions pour offrir ici ce qui gagnerait à être le premier volume d’une série explorant ce continent majeur du Grand Siècle dont la musique fut, avec l’architecture, l’art majeur.
LE DISQUE DU JOUR
Michel-Richard Delalande (1657-1726)
Dies iræ, S. 31
Miserere, S. 27
Veni creator, S. 14
Simphonies pour le Souper du Roy (extrait : Troisième Caprice, S. 162/5)
Ensemble Correspondances
Sébastien Daucé, direction
Un album du label harmonia mundi HMM902625
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Photo à la une : © DR