Le piano d’abord, un savoureux Bechstein de 1860, emprunté à la collection de Chris Maene : aucune des « épaisseurs » du piano de Schumann, nombreuses dans les fantasques Novelettes, n’y résiste, tout est transmué en pure poésie par les registres contrastés de cette belle caisse. Le génie harmonique du compositeur du Carnaval s’en trouve magnifié, Martin Helmchen traquant des couleurs inédites qui lui autorisent de fabuleux pianissimos. Mais le clavier répond aussi vite à qui sait le manier, la maîtrise du jeu de pédales s’avérant décisif : écoutez le raptus enivrant de la Deuxième Novelette, et puis soudain l’ambre du cantabile de la Troisième.
Avec un clavier si naturellement chantant, c’est Schumann qui parle, Martin Helmchen montre une compréhension naturelle de ses contes et de ses paysages, qui jamais depuis Dino Ciani, ne m’ont paru si évidents : des Novelettes bien moins massives que sous d’autres doigts.
La raréfaction des ultimes Gesänge der Frühe, dans ce piano éolien où passe le souvenir des chorals de Bach, vous laissera muet, ces musiques de l’absence au monde faisant un contraste saisissant après les pièces caractéristiques, entre charme et bizarre, des Soirées musicales de Clara.
Martin Helmchen a trouvé son piano pour Schumann, vite la suite de ses explorations ! Je veux ses Kreisleriana sur ce Bechstein.
LE DISQUE DU JOUR
Novelletten, Op. 28
Gesänge der Frühe, Op. 133
Clara Schumann (1819-1896)
Soirées musicales, Op. 6
(3 extraits : II. Notturno, V. Mazurka, I. Toccatina )
Martin Helmchen, piano
Un album du label Alpha Classics 857
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Photo à la une : le pianiste Martin Helmchen – Photo : © DR