Dire plutôt que chanter. C’est le choix d’un des plus beaux barytons de la jeune génération et même plutôt dire Müller que chanter Schubert. Cela en déconcertera plus d’un, dès Gute Nacht, où s’infuse une amertume qui éclatera dans Die Wetterfahne.
Ah oui, ce Voyage sera empoisonné, hanté, macabre et empli de visions. Même sa Corneille (Die Krähe) est un pur cauchemar, qui en agacera plus d’un par son murmure sinistre alors que le piano de James Baillieu égrène sa ronde empoisonnée.
Winterreise de mort-vivant, sinistre, noir plus noir que le plus pur noir, saisissante proposition à ne pas mettre entre toutes les oreilles, mais qui signale le génie d’un liedersänger de première grandeur qu’Alpha a bien eu raison de signer : chacun de ses disques est, au sens propre et premier, une expérience, un peu desservie ici par une prise de son clinique.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Winterreise, D. 911
Benjamin Appl, baryton
James Baillieu, piano
Un album du label Alpha Classics 854
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Photo à la une : le baryton Benjamin Appl – Photo : © DR