Un chef-d’œuvre, et probablement la plus éloquente sonate écrite pour l’alto durant tout le XXe siècle. Lorsque Rebecca Clarke jeta son dévolu sur l’instrument en clé d’ut, elle le para d’un imaginaire de vielle à roue (les mélodies irlandaises qui parcourent l’incroyable Impetuoso, que Vinciane Béranger exalte dans le grave), de sonorités de violoncelle, lui donnant par la qualité de son écriture une projection dynamique sciante, mais aussi par un piano tonnant qui porte l’alto, l’habille comme un orchestre sans jamais l’engloutir.
L’œuvre est simplement géniale, redécouverte par la nouvelle génération des altistes des deux côtés de l’Atlantique, Vinciane Béranger lui donne une tension dramatique qui rappelle que l’œuvre fut écrite dans le sillage de la dernière année de la Grande Guerre.
Les pièces brèves s’y ajoutent, l’étrange Morpheus appassionato, et les vignettes pleines d’un folklore imaginaire où pour la Dumka le violon d’Hélène Collerette la rejoint, comme le violoncelle de David Louwerse pour les Deux Pièces si contrastées, pour la Mélodie irlandaise aussi ; cependant, l’autre héros de ce bel album monographique reste le piano opulent de Dana Ciocarlie.
LE DISQUE DU JOUR
Rebecca Clarke (1886-1979)
Sonate pour alto et piano
Morpheus
Passacaglia (on an Old English Tune)
2 Pieces pour alto et violoncelle*
Irish Melody (Emer’s Farewell to Cucullain « Londonderry Air »)*
Dumka**
Chinese Puzzle
Vinciane Béranger, alto
Dana Ciocarlie, piano
*David Louwerse, violoncelle
**Hélène Collerette, violon
Un album du label Aparté AP289
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Photo à la une : l’altiste Vinciane Béranger, en 2013 – Photo : © DR